Entre tradition, innovation et création: quelle place pour la musique tonale ?

14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 21:26

L'article suivant pris sur le site de la musique contemporaine est très bien documenté. Il aborde les grandes tendances de la musique actuelle et propose une théorisation les courants dont se revendiquent les compositeurs (entre innovation et tradition). Et on comprend au vu du graphe çi dessous que ceux qui innovent semblent le faire par rapport à ceux se réfugient dans la tradition (par exemple un Pendercki en fait partie !). Mais concernant cet auteur, il n'est pas considéré comme un créatif !. Si on prenait cette cartographie pédagogique pour se faire une idée du courant contemporain, cela paralyserait toute reconnaissance d'un quelconque compositeur du courant tonal en général. Mais justement Pendercki est un compositeur reconnu, sa musique est perçue par tous comme une fille de Lizst par exemple et on la respecte: mais ce n'e serait pas de l'innovation selon ce crible ! Pourtant Penderecky explore toujours plus la gamme de la virtuosité et a apporte du sens, pas seulement une esthétique: et la sensibilité du public s'y retrouve sans effort. Nous voyons aussi que son oeuvre consolide le passé, voire le surpasse.

Mais cela n'est absolument pas le problème: En ce sens le parti pris de notre site dédié à la musique tonale serait d'opter pour la tradition par opposition à l'innovation!. C'est faux: le monopole de l'innovation n'est pas dans la différence tonal/ l'atonal (tradition/innovation). L'harmonie recompte de plus en plus d'adeptes: est il important en définitive de dire que l'on ne peut plus rien créer d' harmonique ? tout ayant déjà été inventé ? La musique tonale contemporaine serait quelque chose de propre et de reposant, qui ne peut plus rien apporter à la réputation des compositeurs qui la créé, si ce n'est offrir une relaxation.

Or je pense que ce tami musicologique est bien seulement une cartographie pédagogique qui aide à comprendre, non pas à prendre partie. En plongeant dans le passé, tout compositeur qui innove se reconnait toujours d'une filiation avec un ou des maîtres précurseurs, je n'en connais aucun qui ait été l'invention brute, pas plus que je ne prétend qu'il y a un grand soir de la musique. Et dans cette histoire, le "fils finit toujours par surpasser le père (ou même le tuer)". Philipp Glass parle clairement de l'influence de son violoniste de père, lorsqu'il a écrit ses concertos et de celle de Bach ou de Bruch. Alors peu importent les chemins empruntés, les époques, on a toujours rencontré cette division entre tradition et innovation et ce cela aura lieu encore.

Seuls comptent en définitive: la création, la force de l'oeuvre, et sa virtuosité. Tout cela permet de singulariser nettement une oeuvre par rapport à d'autres. Et ce qui se remarque compte aussi: Il n'est pas importun de penser qu'une oeuvre excelle bien sûr si elle attire l'oreille d'un public nombreux et éduqué (et pas seulement d'un groupe d'experts). Le classement entre tradition et innovation est bien un crible utile pour se repérer (comme une carte routière), mais n'est pas une fin en soi (cette carte ne montre pas la nature, les paysages, les mouvements des fleuves). En revanche la continuité de la musique tonale, affirmée toujours plus permet de renforcer l'assise de la musique contemporaine et réduire la réputation de confidentialité qui l'entoure. Notre intention est de comprendre et de vérifier le bien fondé de notre conviction que la musique éternelle occidentale perdure en 2011. Mais nous constatons encore dans l'immensité des créations actuelles, que rares sont cependant les oeuvres virtuoses qui se dégagent du lot.

L'article ci dessous tiré du site musique contemporaine infos de Jean Huber, permet de très bien comprendre notre temps et son évolution. Monsieur Huber a une fabuleuse érudition: et beaucoup d'explications claires sur la musique, même si le site est plutôt didactique et parait hermétique:

ENTRE TRADITION ET INNOVATION LE CHEMIN DE L'INSPIRATION

"Notre choix de compositeurs découle du choix prioritaire des œuvres.

C'est l'œuvre et les interprètes qui sont déterminants dans le plaisir et le succès d'un concert, pas le compositeur. Ensuite, au fur et à mesure des œuvres et des concerts, une «vision» du compositeur concerné et de son style et de son langage musical, un positionnement, va se forger, et guider notre perception, avec des biais inévitables. La liste de noms sélectionnés n'est donc pas exhaustive (même si elle est déjà riche de plus de 100 noms). Comme les œuvres de nombreux compositeurs contemporains, elle est en devenir, «in progress» (au fur et à mesure de déclics sur une œuvre en particulier et selon le temps disponible pour transcrire ici les analyses consignées ou les notices conservées durant plus de 30 ans). Quelques compositeurs d'une certaine audience (par exemple Hugues Dufourt ou Philippe Hersant en France, ou Michaël Jarrell ou Stefano Gervasoni ou Franco Donatoni, pour les étrangers) sont absents, car par manque de chance, l'auteur de ce site n'a pas encore (ré)écouté une de leurs œuvres dite déterminante.D'autres compositeurs importants, encore vivants et actifs en 1945, avec certaines œuvres superbes, comme Serge Prokofiev (Symphonies n°5, 6, 7, Concerto pour violon n° 2, Sonate n° 9 pour piano, Sonate pour violon et piano n° 2, Sonate pour violoncelle seul), Richard Strauss (Les 4 Derniers Lieders, 1948), Arthur Honegger (Symphonie n°3 "Liturgique", 1946) n'ont pas été retenus dans la base de données, car d'une part, 90% au moins de leur production est antérieur à la Seconde Guerre Mondiale, et d'autre part, leur style après 1945 est identique à celui d'avant (voire rétrograde ou muselé par les contraintes politiques pour Prokofiev)......(suite de l'article dans le site çi dessous)